Les Bastides Blanches

Corentin Massaux

08/05/19

— Tu t'imagines de tout voir, toi, avec tes pauvres yeux ? Tu vois le vent, toi qui es fort ?

» Tu es seulement pas capable de regarder un arbre et de voir autre chose qu'un arbre.

» Tu crois, toi, que les arbres c'est tout droit planté dans la terre, avec des feuilles, et que ça reste là,

comme ça. Ah, pauvre de moi, si c'était ça, ça serait facile.

» Tu vois rien, là, sous la chaise ?

» Rien que de l'air ?

» Tu crois que c'est vide, l'air ?

» Alors, comme ça, tu crois que l'air c'est tout vide ?

» Alors, là y a une maison, là un arbre, là une colline, et autour, tu t'imagines que c'est tout vide ? Tu crois que la maison c'est la maison et pas plus ? La colline, une colline et pas plus ?

» Je te croyais pas si couillon.

 

Jean Giono, Colline, 1929

 

 

47 Rue du Port, Clermont-Ferrand